La fin du mois de septembre 2020 signe un mois de débâcle sur les principales places boursières. Alors que le Nasdaq (indice des principales valeurs technologiques américaines) avait jusqu’ici tenu un rebond incroyable et inarrêtable. Les principales places Européennes que je suis (CAC40 et DAX30) subissent également la dégradation de septembre malgré une reprise en dents de scie. Mais qu’est ce qui peut bien motiver les investisseurs à vendre ? Plus-values réalisées grâce aux rallyes haussiers de certaines valeurs (Tesla, Apple avant Split) ? désintérêt de Warren Buffett pour les actions ? élections américaines en approche ? craintes sur l’arrivée d’une deuxième vague du coronavirus ?.
Et si cette dégradation était prévisible ? Je voulais vous partager mon travail réalisé sur l’étude historique des tendances saisonnières qui met en exergue un détail important rythmant les tendances boursières depuis 1990.
“Sell on may and go away” vous parle mais vous n’avez jamais compris cet adage, cet article est fait pour vous!
En bourse, le mois de Septembre est statistiquement en plein été.
Quand l’été en France s’étend généralement de fin juin à fin septembre, il est coutume en bourse, pour déterminer des cycles, de réduire à deux saisons une année calendaire : l’été et l’hiver. Et ce pour rappeler que la bourse est mondiale et que nous ne pouvons pas nous baser sur notre propre rythme saisonnier pour affiner des tendances, bien que l’été américain est sensiblement le même que l’été français.
“Sell on may and go away”, ce célèbre adage signifie littéralement “Vendez en mai, et partez”. Pour rappeler que le début de l’été boursier (mai) est de nature à dégrader la performance des actions sur une période de 6 mois (de mai à fin octobre).
Si le cycle estival boursier s’étend alors de début mai à fin octobre, quand le cycle hivernal s’étend sur la période début novembre à fin mars, le mois de septembre est toujours compris dans ce cycle estival redouté.
Comment expliquer ces tendances saisonnières ?
Fondamentalement les raisons seraient plutôt simples, la plupart des activités humaines ont des cycles saisonniers. Les agriculteurs récoltent leur blé en été, la consommation de café et thé explosent en hiver, les vacances plaisirs et prolongées sont en été…
Ces vacances auraient une incidence importante. Moins présents sur les marchés financiers, les traders liquident quelques positions pour se prémunir des risques exogènes aux marchés (attentats, pandémie, crises…). Les volumes d’échange baissent mécaniquement rendant les actions plus volatiles. Les flux haussiers sont moins présents car il y a moins d’acheteurs.
Ces tendances boursières ont une fiabilité incertaine mais pourraient être puissantes à long terme. C’est un concept en bourse à ne pas sous-estimer. Au-delà des sources aux données partielles, j’ai pu récupérer l’historique de cotation du CAC40 et du S&P500 pour mettre en exergue ce concept, si toutefois ce dernier se confirme statistiquement…
Sell on may and go away en chiffres!
A partir des performances mensuelles du CAC40 depuis 1990 à aout 2020, une tendance globale se dessine, car oui la bourse se dégrade en moyenne 4 mois sur 6, en période estivale depuis 1990 :
- Les performances mensuelles représentent la moyenne des variations de l’indice sur le mois en question.
- Les performances cumulées représentent le total additionné des variations depuis la période d’observation.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. J’ai donc voulu affiner les périodes d’observation pour tenter de comprendre si ces dernières années le constat se vérifiait toujours. C’est pourquoi le tableau détaille aussi les statistiques obtenues depuis 2000, puis depuis 2010.
Si le constat est sans appel depuis 2000 et ne change pas, les dix dernières années montrent que le mois de septembre offre des performances intéressantes (en moyenne +2,4%). Il faut aussi comprendre que les dix dernières années ont été plutôt clémentes sur les marchés financiers qui n’a pas subit de crack. Il est donc plus logique d’avoir des performances positives malgré des mois de mai, juin et août toujours à la traîne.
Mais voilà, en ce moment même la période est perturbée par la crise du coronavirus ce qui me soulève d’autres questions : est-ce que ces statistiques ne sont tout simplement pas créées par les crises financières ? et quelles serait les performances des investisseurs hors période de crise ?
J’ai donc retiré les périodes de crise aux données mensuelles (crise de 2000, crise des subprimes et mini-crack de mars 2020), le constat est bluffant :
- Quand les marchés ne sont pas perturbés, historiquement les mois de septembre, mai, juin et août sont en repli. L’adage “Sell on may and go away” est plus que confirmé pour le CAC40.
- Quand les marchés ne sont pas perturbés, le mois de septembre subit une tendance saisonnière.
- Les mois de mars et décembre quelques fois en repli, le sont à cause des crises financières.
- Le rally du père Noël, qui est aussi un adage en bourse, a tout son sens.
Alors venons-nous juste de subir les tendances boursières saisonnières ?
La question n’est pas évidente. Le mois de septembre est statistiquement un mois fragile qui semble subir de plein fouet toute perturbation. Cela ne signifie pas que les modèles saisonniers fonctionnent chaque année mais c’est une tendance long terme que les investisseurs devraient prendre en compte.
Quelles précisions apportées par l’analyse technique ?
Le CAC40 est protégée par sa zone de support (4650 – 4720). En prenant en compte les tendances saisonnières, le mois d’octobre est globalement un mois positif, si la zone de support tient, alors il est possible d’imaginer un rebond en prévision des bonnes performances d’hiver. Dans le cas de dégradations plus marquées, il est possible que les difficultés économiques actuelles relancent une vague baissière…
Les marchés américains au-dessus du lot
L’indice français est souvent considéré comme un actif qui sous-performe alors que les marchés mondiaux sont tirés par les États-Unis dont les performances sont plus impressionnantes. Depuis 1990, le CAC40 a progressé de 140% alors que l’indice S&P500 à progressé de 932% sur la même période d’observation. Ces progressions fulgurantes me permettent de douter des résultats saisonniers sur ces marchés alors qu’elles sont les statistiques :
Le célèbre adage “Sell on may and go away” perd de son intérêt. Mai sous-performe les autres mois de l’année à l’exception d’août qui est globalement baissier. Septembre reste fragile surtout dans les périodes de crise.
Tendances boursières et saisonnières que retenir
- Le mois de Septembre est un mois fragile, qui est globalement victime des crises. C’est un argument supplémentaire de la chute que nous avons subi récemment.
- La saisonnalité des marchés est davantage présente sur l’indice français.
- Août reste un mois globalement dangereux.
- Les cycles saisonniers ne se répètent pas chaque année. Ils présentent toutefois un intérêt long terme.
Une vigilance doit être apportée quant à lecture et compréhension des données présentées dans cet article. Si elles peuvent appeler à la méfiance, en aucun cas je vous conseille ou non d’investir suivant les modèles, ce n’est pas l’objet.
Rappel des risques : Toute activité de trading comporte des risques. 75 à 90% des comptes particuliers perdent de l’argent dans la négociation de produits financiers, vous devez vous assurer que vous comprenez le fonctionnement des marchés et de tout ses dérivés avant d’intervenir.