Je n’ai pas cherché à suivre, pour la rédaction de mes articles, un fil chronologique. Je n’aborde pas nécessairement de manière stricte et méthodique l’explication des notions d’analyse technique. Cela serait, en général… assez rébarbatif.
Mais il est vrai que le price action, que nous allons définir et comprendre dans les paragraphes qui suivent, devrait être l’un des premiers concepts d’analyse technique à connaitre. Il s’avère aussi simple qu’utile.
L’analyse technique regorge de concepts, d’indicateurs et de formule. Il peut, parfois, manquer de simplicité.
En effet, il y a cette croyance tenace. Celle qui consiste à imaginer que pour enregistrer de bonnes performances en trading, il faut absolument être un expert des marchés financiers. C’est faux. Ou en tout cas, il est dommage de négliger les principes de base à cause de cette idée reçue !
Alors à l’occasion de ce petit guide, disons adieu aux cascades d’indicateurs qui polluent toutes les plateformes de trading. Travaillons sur les prix, seulement les prix, et nous ferons déjà un grand pas vers le succès.
Comme toujours, je ne peux pas vous promettre d’atteindre les sommets. Mais je peux vous aider à optimiser vos chances.
Qu’est ce que le price action ?
“Price action” est un terme anglophone, qui signifie tout simplement… l’action des prix. Cela consiste en l’analyse (essentiellement graphique) du mouvement des prix dans sa forme la plus pure, autrement dit sans indicateur.
À première vue, cette démarche peut paraitre étonnante. En réalité, elle repose sur l’étude des niveaux clés, ces niveaux travaillés par les investisseurs institutionnels qui font bouger le marché.
Comme vous le savez sans doute, le cours d’un actif, qui réagit en fonction de la loi de l’offre et de la demande, alterne entre mouvements haussiers et mouvements baissiers. On va pouvoir les borner grâce aux supports et aux résistances.
C’est le comportement des prix sur ces niveaux-clés qui donnent des indications sur la présence ou non d’investisseurs, tout comme sur la force des investisseurs en présence.
Ce qui se révèle particulièrement intéressant, c’est que le price action vous donne des informations en temps réel, et ne suppose pas de retard contrairement aux oscillateurs.
L’action des prix est visible sur n’importe quel actif. Bien que le marché des actions réagisse mieux aux supports qu’aux résistances, le marché du Forex – davantage en range – excelle dans ce concept.
Je viens d’utiliser à deux reprises les notions de supports et de résistances. Il me semble important d’en rappeler les définitions.
Qu’est ce qu’un support technique ?
Un support technique se matérialise par une ligne horizontale sur votre graphique.
Elle est située en dessous du cours actuel. Cette ligne représente un niveau de prix travaillé par le marché. C’est une zone où nous allons rencontrer des acheteurs qui, s’ils sont plus nombreux que les vendeurs, peuvent faire rebondir les prix.
Cette ligne horizontale est appelée support car elle soutient (supporte) le cours en lui permettant de repartir à la hausse.
Fondamentalement les supports et résistances ont du sens, car ce sont des zones repérées par les investisseurs institutionnels (les gros capitaux) pour rentrer ou sortir de position avec des ordres conditionnels.
Je n’insisterai jamais assez sur le rôle central que peuvent jouer ces “gros bonnets” dans l’établissement d’une stratégie. Mais ce n’est pas le sujet principal ici. Il est maintenant temps de passer au second concept : les résistances.
Qu’est ce qu’une résistance ?
Une résistance correspond, techniquement… à l’inverse d’un support. C’est aussi une ligne horizontale, certes, mais elle se situe au dessus des cours où vont se placer de potentiels vendeurs. Cette zone de prix peut, de la même manière, se faire repérer par les acheteurs qui vont en profiter pour percevoir des bénéfices. Le résultat est le même, les cours ont davantage de probabilité de retracer à leurs approches.
Cette ligne horizontale est appelée résistance car elle bloque le cours dans ses mouvements haussiers. Elle lui “résiste”, d’une certaine manière.
Jusqu’ici, j’ai défini les deux outils séparément. Mais le plus intéressant reste à venir. Car il y a un moment où le support “laisse place” à la résistance. Le contraire s’avère également possible, évidemment. Je vous explique tout.
Quand un support devient résistance et inversement ?
Quand un support devient une résistance, il change de polarité. Il n’est pas rare qu’un support franchi soit re-testé (pullback) avant que les mouvements baissiers reprennent. Le précédent support forme alors une zone idéale.
Cette zone idéale, les vendeurs souhaitent désormais la défendre, comme en témoigne les inversements de polarité successifs de notre exemple ci-dessous :
On voit ici comment la force des bougies (grosse amplitude) permet à la zone de casser. Sa polarité change. On constate, de plus, comment l’absence de force (petite amplitude des bougies sans volatilité) à l’approche de cette zone permet au cours de rebondir. Mais il y a peut être une chose que vous n’avez pas encore remarquée.
La deuxième zone de prix présente sur le graphique, elle aussi… oriente le cours de l’actif.
En réalité, un support ou une résistance ne correspond jamais à une ligne fixe comme la définition voudrait nous le faire croire. Il s’agit d’une zone de prix plus ou moins étendue, en fonction des traders en présence.
C’est ce que nous allons approfondir dans le paragraphe suivant. Il y a quelques pratiques qu’il me semble intéressant de connaitre.
Price action : les bonnes pratiques à connaitre
Trouver un support ou un résistance a posteriori, c’est facile. Mais trouver ces lignes en anticipation de réactions potentielles… requière de prendre en compte quelques notions.
Le principe de zone d’action, de zone de prix
Chercher à suivre les réactions sur une seule et unique ligne horizontale est contre-productif.
Et pour cause : la volatilité des cours ne peut pas changer du tout au tout en arrivant sur cette seule ligne. Même si elle est très justement identifiée. C’est pourquoi je tiens à évoquer très rapidement le concept de zone, qui nous oblige raisonnablement à tracer plusieurs lignes dans un espace graphique contraint.
Comment trace-t-on une zone de support ou de résistance ?
Tracer un support ou une résistance relève du bon sens car il n’existe pas de règle précise et applicable systématiquement. Pour trouver ces zones, il est recommandé :
- D’utiliser les hauts de mèche de bougie, également haut de sommet (dans le cadre de la recherche d’une zone de résistance)
- D’utiliser les extrémités des corps de bougie
- D’utiliser les sommets (pour les résistances) et les creux (pour les supports).
La compilation de toutes ces lignes donnent une zone que l’on peut suivre dans une stratégie d’investissement.
Ce n’est pas tout. Il faut évoquer le caractère essentiel (même si parfois surestimé) des unités de temps longues.
L’importance des unités de temps longues
Il est courant de lire que la convergence de plusieurs unités de temps, dont des unités de temps longues, est le Graal de toute stratégie de trading. Même si d’un point de vue statistique cette croyance est infondée, elle reste un critère de taille dans la prise de décision et la démarche d’analyse.
Selon moi, et je me base sur mon expérience pour l’affirmer, les zones de prix identifiées sur des unités longues (daily, weekly, mensuelle, trimestrielle) – avec une préférence pour le weekly… semblent avoir plus de poids pour réagir. En effet, ce sont des unités suivies méticuleusement par les investisseurs institutionnelles.
De manière générale, l’analyse technique réalisée à partir de vos graphiques long terme prévaut sur celle réalisée au moyen des graphiques court terme.
En l’occurrence, la dimension psychologique joue un rôle. Un rôle important. Pour de nombreuses raisons, le “long terme” se révèle plus difficile à gérer que le court terme. Il fait naître des doutes, laisse craindre des inconnues (inévitables d’ailleurs) et conduit (parfois) à prendre des décisions hâtives.
Ces phénomènes aux confins de l’observation et de l’action (parfois de l’inaction), je les évoque régulièrement dans ma formation.
Sommes-nous, quoi qu’il en soit, parvenus au terme de cette explication ? Pas exactement. J’aimerais mettre en lumière deux notions encore. À commencer par l’excès. Il convient d’en connaître les enjeux.
Les excès
La volatilité entrainée par les événements mondiaux comme le Brexit, la crise du COVID19, le changement des taux d’intérêts, etc. sont de nature, par leurs forces, à remettre en question le price action tellement la directionnalité d’un mouvement est fort.
Dans ces moments-là, il devient impossible pour les acteurs impliqués de se raccrocher à des évidences. Les cartes sont redistribuées. De nombreux phénomènes socio-économiques se font écho. Voilà d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles le trading ne relève pas d’une science exacte. Prétendre tout prévoir, tout sentir, c’est considérer qu’on a une boule de cristal. Et que l’on est capable de voir le plus improbable arriver.
Il convient donc quelques fois, en fonction de la propreté constatée à la zone précédente, mais aussi et surtout relativement aux événements…
… d’estimer qu’il y a eu un excès. Qu’il paraît, dès lors, difficile de le prendre en compte pour la suite de l’analyse.
Nous voilà arrivés au dernier élément pertinent : le support mineur et majeur.
La notion de majeur et mineur.
La notion de majeur et de mineur, donc, fait référence au nombre de points de contact d’une zone. Il s’agit de considérer qu’un support majeur (dont le nombre de points de réaction est supérieur à 2) aurait plus d’importance qu’un support mineur (dont le nombre de points de contact s’élève à 2).
En réalité, nous pouvons également considérer que plus un support a été travaillé, plus ses points de supports de contact sont nombreux… plus celui-ci est à même de casser prochainement. Il n’y a donc pas d’avantage statistique à considérer cette notion. Toute courante qu’elle soit en analyse technique.
Intégrer les lignes de tendance et les supports ou résistances dynamiques
Ces informations demandent à être complétées dans le cadre d’un futur article, car les actifs qui sont en tendance ont des difficultés à bien réagir sur des zones de prix définies.
Chaque notion ou concept que vous pouvez apprendre sera en lien avec un domaine de prédilection. Dans un actif en range, les supports et résistances auront les mêmes performances. Dans un actif en tendance haussière, les résistances céderont très souvent alors que les supports, eux, pourraient permettre d’entrer en position après une légère correction.
La complexité du trading consiste à savoir s’adapter et à utiliser l’outil adapté (puisé dans l’intégralité de sa palette des compétences) au moment opportun.
Le price action fait clairement partie de ces outils. Ceux qui demandent un sens du timing et de la réactivité. Chercher à standardiser un concept sur la somme des actifs proposés par nos chers brokers ne sert malheureusement à rien…
Bonjour,
Merci pour cette analyse rationnelle qui permet de synthétiser ce graphique.
Je viens de comprendre grâce à la transmission de ton savoir que nous pouvons mettre des repères de support et résistance afin de mieux analyser et acter.
Bravo.
Bonjour Alexis,
Effectivement c’est une piste de réflexion et compréhension préalable dont l’utilité varie en fonction des caractéristiques de chaque actif. Il ne faut pas hésiter à compléter les lignes horizontales par des supports obliques ou dynamiques (moyenne mobile, etc.) ce que nous compléterons avec un futur article.
Tout le meilleur.
Merci Christopher pour toutes tes études que tu nous offres pour progresser…
Avec plaisir Stéphane 🙂