Salaire des traders : combien gagnent-ils vraiment ?

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Quel est le salaire des traders ? D’ailleurs, peut-on vraiment utiliser ce terme ? J’ai décidé de consacrer le présent article à cette question passionnante.

De Limitless au Loup de Wallstreet, le cinéma présente souvent ces afficionados de la bourse comme des individus croulant sous la richesse. Ils semblent passer leur vie entre vice et spéculation, véritables as des marchés financiers. Comme s’ils avaient trouvé un trèfle à quatre feuilles, la chance leur sourit et complète un talent distingué. Rien ne semble pouvoir les mettre “sur le carreau”, et la jalousie peut vite piquer le public face à ces destins dorés.

Mais qu’en est-il vraiment ? N’y a-t-il pas une différence (voire plusieurs) entre cette image stéréotypée et la réalité ?

Pour aborder cette thématique, je vais séparer mes explications en deux. Cela nous aidera à y voir plus clair. Je vous préviens : il est difficile de percer complètement le mystère ! En mettant ces problématiques en perspective toutefois, on peut déjà y voir plus clair.

Bien sûr, mon but n’est pas de méditer dans le vide sur des préoccupations de société. Ce billet, comme d’habitude, est pensé comme un guide. Je vais mettre en lumière les différentes subtilités de cette activité aussi complexe que passionnante… en espérant que cela vous aide dans votre propre démarche.

Ce que vous êtes sur le point d’apprendre :

  • Trader particulier, trader en banque : qui sont les mieux lotis ?
  • De junior à trader expérimenté, les revenus sont multipliés par… 4 ! Pourquoi ?
  • Où ce métier rapporte-t-il le plus ? (Je vous préviens d’emblée : ce n’est pas en France).
  • Comment les opérateurs de marché peuvent-ils augmenter considérablement leurs rémunérations ?
  • Par qui les traders pro sont-ils éjectés des banques et des fonds d’investissement (car oui… ce sont des choses qui arrivent !) ?

Le trader & salaire : attention à la terminologie

Avant toute chose, j’aimerais préciser un point très important. Techniquement, il ne faudrait pas parler de “salaire” pour tous les types de traders.

Certains d’entre eux profitent plutôt (si tout se passe bien) d’un revenu. Ce sont des opérateurs indépendants. N’étant rattachés à aucun employeur, ils fonctionnent en autonomie et ne jouissent d’aucune garantie particulière. Voilà justement la première catégorie de traders qu’il est possible d’identifier.

Le deuxième groupe se compose de travailleurs qui agissent en étant mandatés par un organisme financier. Il s’avère déjà beaucoup plus logique d’employer le mot salaire dans leur cas. En effet, avoir signé un contrat avec une compagnie leur offre un filet de sécurité.

Si vous avez la chance de réussir vos prises de position plusieurs mois d’affilée en utilisant une application, vous aurez le plaisir de calculer votre revenu. Mais il ne s’agira pas d’un salaire au sens strict du terme. D’ailleurs, la catégorisation fiscale diffère. Les rentrées liées aux activités boursières hors engagement spécifique ne sont pas soumises aux mêmes déductions.

Je tenais à marquer cette distinction parce qu’elle aide à poser des bases solides. Maintenant, je vais me focaliser sur celui qui fonctionne “en solo”. Quel montant peut-il espérer, approximativement ?

Combien gagne un trader indépendant ?

Si vous choisissez de trader uniquement pour votre compte, vous ne percevrez pas de revenu régulier. Du moins, pas assurément.

Vous devrez vous rétribuer à partir de vos gains. Ceux-ci se composent des plus-values, dividendes, mais également des intérêts relatifs aux obligations, et de tout autre revenu provenant des titres de votre portefeuille. Sans jamais négliger d’en retrancher vos coûts. Les commissions de courtages et les frais d’abonnement, qu’on le veuille ou non, font partie de l’investissement.

En France, il faut également tenir compte de la flat tax, c’est-à-dire l’imposition sur les plus-values. Le prélèvement forfaitaire unique (PFU de son nom administratif) s’établit à 30 % sur le montant de vos gains nets, quelle que soit votre tranche de revenu.

Quoi qu’il en soit, les revenus d’un trader indépendant sont par nature extrêmement variables. Le montant des capitaux qu’il peut consacrer à son activité a une énorme influence sur les revenus qu’il en tirera ensuite. Il est en effet plus facile de dégager un gain de 500 euros avec un capital de 10 000 euros qu’avec un capital de 2000 euros, par exemple. 

Tout cela fait écho à une réalité statistique. À ces données qui doivent légalement apparaître sur chaque publicité promouvant le trading. Sachant que j’en parle moi aussi régulièrement.

Entre 75 et 90 % des particuliers perdent de l’argent en bourse.

lesformationstrading.fr

Qu’en est-il alors des 25 à 10% restants ? Ce sont pour ainsi dire les plus talentueux, et ils finissent souvent par être recrutés. Les banques ou les sociétés de gestion repèrent souvent leur habileté. Il arrive également qu’ils montent leur propre société de conseil ou de gestion. 

Toutes ces raisons font qu’il est difficile de calculer des revenus moyens représentatifs de ce que gagnent réellement les traders pour compte propre. Il faut tenir compte du succès et des investissements de chacun(e).

Pour atteindre une autonomie dans ce secteur, en tout cas, il faut faire preuve d’astuce et de courage. De détermination, aussi. Les réussites d’hier n’empêchent pas les échecs de demain. Ainsi le trader indépendant doit-il toujours surveiller son budget et ne pas se laisser déborder.

Le Trading pour le compte d’autrui

Le travail d’un trader employé par une banque ou une structure financière peut prendre des formes très variées. Il est amené, selon les cas, à intervenir sur les marchés actions ou obligataires, mais aussi sur les matières premières, les fonds communs de placement ainsi qu’au niveau de certains produits plus complexes. 

Une fraction des traders travaillant pour le compte de banques d’investissement ne quittent jamais les arènes boursières au sein desquelles ils opèrent. D’autres jouent un rôle différent : ils tiennent par exemple un rôle de conseiller à l’égard d’une clientèle cherchant à faire fructifier ses actifs. 

En ce qui concerne les profils intellectuels et le background d’experts, on trouve de tout : des économistes ou spécialistes des mathématiques très diplômés côtoient des autodidactes qui ont appris sur le tas. L’ancienneté et le nombre d’années d’expérience jouent bien sûr un rôle, tout comme le talent. C’est

Notez que le fait de travailler pour une banque ou un fonds spéculatif procure des avantages susceptibles d’améliorer fortement la rémunération des traders.

En effet, les experts recrutés par des institutions disposent par définition (et malgré quelques exceptions) de capitaux bien plus importants et d’outils spécialisés très efficaces. De plus, ils ont accès à une information de bonne qualité, distillée voire transmise par des économistes et des analystes très pointus. Le fait qu’ils ne misent pas leur propre argent est évidemment un facteur crucial.

Sans surprise, les revenus de ces traders sont très disparates, en fonction des différents paramètres que je viens de citer.

Tout cela ne répond pas conrètement à la question principale. Je ne suis pas du genre à jouer les marchands de sable ; il est donc l’heure de parler chiffres.

Salaires des traders professionnels : quelques données chiffrées

J’ai consulté les statistiques Glassdoor les plus récentes (octobre 2023). Elles indiquent qu’en France, un trader en France gagne en moyenne 34 575 € annuels (hors bonus).

Les moins bien rétribués perçoivent 12 612 € (en stage sans doute à ce niveau là) tandis que les plus aguerris et les grands experts tutoient environ 101 915€.

Il est à noter que la différence peut être conséquente d’une firme mandatrice à l’autre. Ainsi, un trader chez BNP Paribas gagne en moyenne 96 098 € par an, alors que son collègue de la Société Générale percevra “seulement” (toutes proportions gardées) 75 804 € au cours de la même période.  

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le salaire des traders allemands est sensiblement équivalent à celui des traders français. En revanche, les traders de la City perçoivent de meilleurs retours plus que leurs homologues français et allemands… là où ils se retrouvent battus par les traders suisses. Un trader zurichois moyen perçoit en effet 148 000 euros annuels.

Enfin, les grandes places financières internationales sont celles qui permettent d’ambitionner les plus gros salaires : un trader de Wall Street gagne en moyenne 116 000 dollars annuels (près de 109 000 euros), tandis que son collègue de Hong Kong touche environ 140 000 euros. 

Du côté des banques américaines, un emploi de trader se révèle profitable. Les traders les mieux payés de Bank of America percevraient 146 000 euros.

Tout cela fait rêver, bien sûr. Mais n’oublions pas de garder les pieds sur terre. À moins de s’approcher des hautes sphères du milieu… et de travailler aux USA (ou autres localités très rémunératirces), justement, il est très rare d’atteindre un tel niveau de salaire.

Vous pouvez tout de même mettre toutes les chances de votre côté, vous qui me lisez de l’autre côté de l’écran.

Salaire d’un trader : ceux qui empochent gros

Le rapport de l’autorité bancaire européenne (APE) concernant les “high earners” (les salariés d’établissements bancaires et financiers ayant perçu au moins un million d’euros de rémunération annuelle) indique qu’en 2018, 4938 employés d’établissements bancaires européens faisaient partie de cette catégorie. L’année précédente, leur nombre était de 4861. Le rapport indique également que les plus hauts salaires ont atteint 39 millions d’euros.

Ces statistiques sont un peu datées, certes, mais elles permettent encore aujourd’hui d’apprécier la dynamique.

Le rapport se fonde bien entendu sur les gains totaux des travailleurs, c’est-à-dire leur salaire fixe auquel s’ajoute un bonus. Il précise aussi qu’en 2018, la rémunération variable a représenté en moyenne 139 % de la rémunération fixe.

En 2019, la même institution avait indiqué que près des trois quarts de ces “high earners” (soit 3567 banquiers/traders/gérants de fonds…) sur un total de 4859 ayant perçu plus d’un million d’euros à l’époque) vivaient au Royaume-Uni. 390 autres vivaient en Allemagne, tandis que la France n’en recensait que 233.

L’hexagone ne peut pas se vanter d’être le pays qui rémunère le mieux ses employés, donc… et ce n’est malheureusement pas réservé aux financiers. Plusieurs autres grandes places financières mondiales tirent leur épingle du jeu. 

On pourrait alors argumenter en rappelant la sévérité appliquée à l’encadrement des salaires accordés aux professionnels de la finance sur notre territoire. Mais face aux deux autres puissances européennes (quoique le Royaume-Uni ne soit plus que territorialement européen), cette remarque ne tient pas. Ils sont également soumis à cette rationalisation.

Le trading est-il en train de “mourir” ?

Le métier de trader n’a pas échappé à la révolution du numérique, et il est même l’une des professions les plus durement touchées par cette évolution. Plusieurs facteurs l’expliquent ; il serait d’ailleurs captivant de consacrer une page à cette thématique.

Depuis le milieu des années 2010 en tout cas, le courtage des actions à Wall Street et dans les autres grandes places financières a connu un vaste mouvement de robotisation. D’automatisation. Le cliché mettant en scène des crieurs déchaînés… appartient au passé.

En conséquence, pas moins de 3000 traders employés par les 12 plus grandes banques du monde ont été licenciés ou sont partis en retraite sans être remplacés entre durant la période 2016/2018. En effet, leurs employeurs ont préféré les remplacer par des algorithmes. On assiste au même genre de phénomène, en 2023, avec les intelligences artificielles.

La raison ? Elle est économique, bien sûr, avant même d’être pratique. Les algorithmes coûtent cinq fois moins cher. En outre, ils ne réclament pas d’augmentation ou de congés payés, ne sont jamais malades et n’éprouvent pas la tentation de prendre des risques inconsidérés…

Je plaisante, bien sûr. Mais seulement à moitié.

Un départ en plusieurs vagues

Les premiers traders remerciés étaient actifs sur les marchés obligataires et actions, plus simples à appréhender. Mais progressivement, les algorithmes se sont aussi imposés sur les marchés de produits plus complexes, tel que le change et les futures.

Ainsi, selon l’institut de recherche Coalition, entre le premier semestre 2014 et le premier semestre 201,9 les effectifs du personnel de “front office” des banques du monde entier ont fondu de 11 %. Et les traders comptent parmi les professions qui ont eu le plus lourd tribut à payer. Dans le courant de l’année 2017, on avait appris qu’il ne restait plus que… 2 traders sur les 600 que Goldman Sachs – un temple de l’investissement – employait à New York au début de ce millénaire. 

Dans l’un de ses articles, le magazine Fortune a résumé cette tendance dans son titre : “The Death of Trading”, la mort du trading. Alors, prophétie résonnant de vérité ? Dramatisation ? Il est difficile de répondre à cette question de manière tranchée.

On peut néanmoins faire une remarque objective : il y a une baisse des revenus et des bonus ; de moins en moins de postes offerts. Vu les évolutions technologiques et les crises conjoncturelles qui se succèdent… que cela laisse-t-il augurer pour les années à venir ?

Des salaires alléchants pour les traders… mais des places qui se raréfient

Et si le trading “à l’ancienne” était en train d’expirer ? Et si les rémunérations (parfois astronomiques) devenaient de plus en plus rare sur le front ? Eu égard au changement de paradigme, à la digitalisation massive de tous les domaines… on est en droit de se le demander.

Pour adapter le jeu de portes coulissantes, les exigences en matière de diplômes et d’expérience pourraient devenir de plus en plus importantes à l’embauche. Une perceptive peu reluisante, qui soulève une question majeure : l’avenir consiste-t-il, en 2023, à apprendre le trading avec une bonne formation trading en autonomie, depuis chez soi ? Faut-il entrer de plain-pied dans l’ère du tout connecté et renoncer aux salaires de traders car ils sont voués à une lente extinction ?

Je vous laisse réfléchir à ces problématiques. Rien ne peut être affirmé avec certitude. Ou alors si, une chose : le monde change de manière fulgurante depuis au moins deux décennies. Mieux vaut rester accroché(e) au wagon et viser la locomotive… au risque de voir le train fuir vers l’horizon.

Pour ma part, je tiens bon ! Et c’est pour cette raison que je publie ces articles 😉

Ce que vous venez d’apprendre aujourd’hui :

  • Indépendant ou professionnel, il n’y a pas d’argent facile et vos résultats dépendent avant tout de vos décisions personnelles, des opportunités qui se dessinent…
  • La France n’est pas le meilleur rétributeur pour les traders (du moins pour ceux qui sont engagés).
  • Les bonus permettent à de nombreux salariés de devenir millionnaire mais…
  • … le métier se durcit et change (algorithme). Seule une poignée d’experts et les traders particuliers semblent avoir de beaux jours devant eux. À condition de se former. Alors je compte sur vous !

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