Faut-il investir dans des ETF ?

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Apparus dans les années 1990, les ETF (des OPCVM reproduisant la composition d’un panier de valeurs spécifiques) ont enregistré une année particulièrement faste en 2020. Ils se sont échangés à des volumes records aux États-Unis, et leur encours global a atteint les 5000 milliards de dollars outre Atlantique[1].

En Europe, ils deviennent aussi les chouchous des marchés, quoique plus modestement (1000 milliards d’euros d’encours).

Ce n’est pas si étonnant, car les ETF présentent beaucoup d’atouts pour les investisseurs (même s’il y a aussi des inconvénients)… mais pour le moment concentrons-nous sur ces avantages. 

Qu’est-ce qu’un ETF ?

ETF est l’acronyme d’“Exchange Traded Fund”. C’est un OPCVM (c’est-à-dire, un portefeuille composé de plusieurs titres) qui réplique un indice, un fond, ou un panier de titres particulier. En clair, il reproduit la composition de cet indice ou de ce panier de valeurs pour obtenir la même performance.

Pour cette raison, les ETF sont surnommés “trackers” (to track signifie suivre en anglais). Lorsqu’ils répliquent des indices comme le CAC40 ou le S&P500, on les classe dans la catégorie des “fonds indiciels”. Mais il existe aussi d’autres catégories d’ETF. Certains ETF thématiques visent à couvrir un secteur particulier (les énergies renouvelables, par exemple). D’autres suivent les cotations de l’or, et vous trouverez même des ETF inversés (des ETF qui s’apprécient lorsque l’indice auquel ils sont corrélés perd de la valeur). Récemment, on a appris que Vanguard, le créateur historique des ETF, avait lancé des ETF d’ETF[2] sur la bourse de Milan.

Vous l’avez sans doute compris : ce sont des produits de diversification, comme les OPCVM plus classiques (FCP et SICAV).  Ils ont d’ailleurs beaucoup de points communs avec ces derniers. Cependant, ils s’en distinguent à plus d’un titre.

Les différences entre les ETF et les autres OPCVM

Une négociation différente

Tout d’abord, les ETF sont cotés en continu sur le marché. Autrement dit, leur cours varie toute la journée en fonction de l’offre et la demande, comme celui des actions. Ils sont donc bien adaptés pour les investisseurs très actifs qui souhaitent réaliser des opérations intra-day.

On peut en acquérir par l’intermédiaire d’un courtier comme Degiro ou d’une application de courtage en ligne pour une somme aussi modique qu’une dizaine d’euros. Comme pour les actions, il faut payer des commissions de courtage lorsque l’on veut en acheter. 

D’un autre côté, souvent, on ne peut acquérir des parts d’OPCVM classiques qu’en passant par la société de gestion qui gère le fonds en question ou ses partenaires chargés de le commercialiser (des banques de détail ou de gestion de fortune, par exemple). Ces sociétés de gestion fixent fréquemment un seuil d’investissement minimum qui peut atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros.

De même, ces parts sont plus coûteuses à acquérir : elles sont assorties de droits d’entrée et de frais de gestion. Ainsi, généralement, les ETF sont moins chers que les OPCVM classiques. 

Gestion passive vs gestion passive

Les ETF sont des investissements passifs à l’origine. Ils ont été créés sur le postulat que le marché a atteint une très grande efficacité, et qu’il est difficile, voire impossible de le surperformer. Leur objectif est de suivre le plus fidèlement possible l’évolution des cours des titres des sous-jacents auxquels ils sont adossés. 

Au contraire, l’objectif d’une SICAV ou d’un FCP est de battre le marché. 

Pour ce faire, ces fonds collectifs sont gérés activement. Cela signifie que des équipes d’analystes et de gestionnaires de fonds au sein des sociétés de gestion déterminent une politique d’investissement en fonction d’un ensemble de facteurs économiques. Cette politique est constamment revue pour s’adapter aux évolutions du marchés et du contexte économique afin de surperformer le marché.

Cependant, cette distinction tend à s’affaiblir, dans la mesure où l’on trouve désormais des ETF gérés activement et des OPCVM gérés passivement.

Comment fonctionne la cotation des ETF

Nous l’avons vu, contrairement aux OPCVM classiques, les ETF sont cotés en continu. Leur cours varie donc tout au long de la journée en fonction de l’offre et de la demande.

À tout moment, il existe un cours à l’achat et un cours à la vente pour les ETF. L’écart entre ces deux valeurs dépend de la demande pour le titre en question. Plus elle est forte, et plus cet écart sera restreint.

Lorsque les cours se sont effondrés au mois de mars 2020, suite à la crise sanitaire, certains ETF obligataires se sont retrouvés avec des cours inférieurs à leur valeur d’actif net (c’est-à-dire, la valorisation de leur encours total divisé par le nombre de titres émis). Les investisseurs qui étaient contraints de vendre leurs titres à ce moment-là ont donc enregistré des pertes supérieures à celles des pertes moyennes constatées sur le marché.

Les OPCVM classiques investis sur les mêmes classes d’obligations n’ont pas été confrontés aux mêmes problèmes. En effet, les gestionnaires de ces actifs ne fixent leur cours qu’une fois par jour, après la fermeture des marchés. Leur valeur dépend de la valorisation de l’ensemble du portefeuille. Cette cotation quotidienne unique permet d’amortir les variations intra-day brutales. 

Les ETF sont donc plus volatils que les OPCVM classiques.

Faut-il investir dans les ETF ?

Un outil de diversification flexible et peu onéreux

Les ETF permettent de respecter facilement la plus importante des règles que vous devez respecter en bourse : ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

Selon la composition du panier de valeurs du sous-jacent, investir dans un ETF équivaut à placer instantanément son argent dans une multitude de valeurs différentes.

Lorsqu’il réplique les valeurs d’un indice, il élimine certains risques liés aux entreprises défaillantes. Dasn les indices, celles-ci sont en effet remplacées par des entreprises montantes. Lorsque l’action Tesla est entrée dans l’indice S&P500 le 21 décembre dernier, elle a remplacé celle de la société d’investissement immobilier américaine Apartement Invesment and management. 

Enfin, les ETF sont accessibles à tous et leurs frais de gestion demeurent très modestes. Même s’ils ne confèrent aucun droit de vote aux AG des sociétés, ils représentent donc des produits de choix pour varier ses investissements. 

Quelle pertinence pour la gestion active de nos jours ?

Selon l’étude SPIVA[3] de Standard & Poor’s Dow Jones Indices, qui compare les performances des indices S&P à celles des gestions de fonds actives (en France, ce sont donc celles des gérants de FCP et SICAV), ces dernières échouent dans la quasi-totalité des cas à battre le marché à long terme.

Comment l’expliquer ? D’abord, un indice n’est qu’une construction virtuelle. Il n’a donc pas de frais de personnel ou d’autres coûts, contrairement aux fonds indiciels (OPCVM et ETF). Même un ETF répliquant parfaitement un indice nécessitera de la main d’œuvre. Mais bien sûr, il sera moins gourmand dans ce domaine qu’une société de gestion qui fera appel à une équipe de personnes très qualifiées qu’elle devra rétribuer plus généreusement que la moyenne pour réaliser des analyses et bâtir des stratégies d’allocation. 

Secondement, les conditions de marché ont évolué avec l’amélioration des moyens de communication, et l’arrivée du numérique. L’information est plus disponible que jamais, elle circule rapidement et il devient de plus en plus difficile de gagner un avantage sur ce terrain, surtout pour les gros capitaux que sont les fonds. 

En outre, l’introduction des algorithmes dans le trading a aussi brouillé les cartes. Plus réactifs et systématiques que les humains, ils ont eu tendance à développer la volatilité des marchés. Pour les investisseurs humains, le marché est donc de moins en moins lisible. 

En résumé, les ETF et la gestion passive sont probablement un meilleur choix que les OPCVM classiques qui ne permettent plus que très rarement de surperformer le marché. 

Et la crise du covid dans tout ça ?

En 2020, la crise du coronavirus et le confinement ont fait plonger certains secteurs d’activité tels que le transport aérien, le tourisme, la restauration. Or, certains fonds indiciels intègrent des parts des poids-lourds de ces secteurs (pensez à Air France-KLM ou Accor, par exemple, deux fleurons du CAC40).

Les ETF basés sur le CAC40 prennent en compte les pertes catastrophiques que ces sociétés ont enregistrées. On peut donc se demander s’il est encore valable d’investir dans les grands indices boursiers actuellement.

Eh bien, la réponse est encore oui ! Tout simplement parce que les ETF ont évolué, et qu’il existe désormais des ETF thématiques. Ces derniers ne sont plus basés sur un indice, mais plutôt sur un secteur ou une stratégie de placement particuliers.

Vous croyez aux énergies renouvelables ? Il existe probablement plusieurs ETF pour cela, et avec un peu de chance, l’un d’entre eux sera éligible pour votre PEA. 

En conclusion, comme beaucoup, nous pensons que les ETF sont un formidable instrument de diversification de votre portefeuille. Ils ne vous dispensent pas de faire preuve de discernement et de beaucoup vous renseigner, d’autant qu’ils sont plus réactifs que les OPCVM traditionnels. Mais ils vous permettent de panacher facilement vos expositions pour mieux vous protéger contre les risques de baisse brutale du marché. Nous vous conseillons donc de les envisager dans toute gestion de portefeuille, y compris les plus actives. 


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2 commentaires
  1. Bonjour ,
    Pour ma part les etf sont une révolution encore très méconnue en France mais qui ne cesse de croitre !
    tout investissements sur ces supports doit être envisager a long terme (+ de 10 ans) bien sur , mais surtout les frais sont très infime et ne mange pas les profits comme beaucoup d’autres support le font !

    Lorsque l’on investit sur un etf indiciel , on parie sur l’intelligence collective a long terme et une énorme diversification on a donc un énorme avantage sur les marchés(imaginez vous que 1561 entreprises puissent ne plus exister ? autant parier sur la fin du monde comme le font les prédicateurs de l’apocalypse à longueur d’année(bien sur les baisses arrivent sur le moyen terme , mais sont très vite effacer sur le long terme)( regarder simplement le DJIA qui a plus de 100 ans d’existence)

    Le MSCI world a une performance de 8,5 % annuel depuis 1987 bien mieux que le livret A ou l’immobilier et sans compter l’inflation qui grignote le pouvoir d’achat . 8,5% par an c’est loin d’être négligeable

    Pour comparer un etf il suffit de prendre un MSCI world de plus de 10 ans pour avoir une idée de la performance que l’on peut (préjuger) en attendre ; car tout les etf ne se valent pas loin de la .

    Et la crise du covid est comme toutes les autres c’est nécessaire a notre évolution et notre adaptation , ce ne sont que de bon moyen de racheter a bon prix pour un investisseur ! 🙂

    Par contre je ne suis pas d’accord avec votre raisonnement sur le CAC40
    “Les ETF basés sur le CAC40 prennent en compte les pertes catastrophiques que ces sociétés ont enregistrées. On peut donc se demander s’il est encore valable d’investir dans les grands indices boursiers actuellement.”
    >>>> Parler vous du CAC40 index (PX1)(actuellement a 7000 points) dont les journalistes parlent à longueur de journées ou du CAC40 GR (PX1GR) actuellement a 20 000 points (qui prend en compte les dividendes réinvestit) , ce n’est pas du tout la même chose !

    j’attend avec ferveur et attention les etf “crypto” , la prochaine révolution pour nos portefeuilles

    guen
    “un nouveau lecteur passionné de bourse depuis 2008”

    1. Rebonjour Guen,
      Nous évoquions le CAC40 index (PX1), celui qui est le plus connu, le plus utilisé mais pas le plus rentable…
      Le GR se comporte évidemment mieux.

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