En finance, le drawdown caractérise l’écart qui existe entre le pic ou le sommet d’un portefeuille d’investissement, d’un actif, et son niveau actuel.
Le drawdown fait partie des statistiques que l’on regarde attentivement, puisque le but de tout trader est : de l’éviter au maximum.
En effet, plus le drawdown d’une stratégie est élevée, plus celle-ci est risquée, moins il est possible de prendre du levier…
A titre d’exemple, le CAC40 est entrée en septembre 2000 en crack (éclosion de la bulle internet) pendant près de 2 ans et demi. L’indice de la Bourse de Paris a reculé de plus de 65% par rapport à son précédent sommet (s’établissant à 6 944 points).
En 2021, le CAC40 n’a toujours pas retrouvé son plus haut de l’année 2000.
21 années sans performance, aucun nouveau sommet depuis 2000… en bourse cela semble inimaginable puisqu’il est à juste titre rappelé que les investissements financiers constituent le meilleur investissement parmi tant d’autres (investissement immobilier, livret A, assurance-vie, etc.).
Sans rentrer dans le détail du calcul du CAC40 qui nous éloignerait du sujet initial, l’exemple illustre la dimension temps qui peut s’écouler entre différents sommets.
Car s’il est normal et acceptable d’avoir des variations à la baisse de son portefeuille, ces ampleurs et ces durées doivent être analysés minutieusement.
Le drawdown est bien plus présent qu’il n’y parait.
Si le premier exemple de notre article semble édifiant, le drawdown est bien dans de nombreux cas sous-estimé.
En effet, en bourse les nouveaux sommets – ou records – sont rares et rapides. Dans la plupart des cas, les mouvements d’un actif sont réalisés sur des niveaux de prix déjà visités.
Le S&P500 (indice technologique américain) illustra notre deuxième exemple, porté par les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) sa croissance est haussière depuis de nombreuses années.
Et pourtant sur ces 8 dernières années, le S&P500 n’a été en croissance et en création de nouveau sommet que 3 ans. Pendant 5 ans l’indice américain a consolidé sur des niveaux déjà visités.
Les phases en rouge du graphique suivant illustrent les moments où l’indice ne crée pas de valeurs :
Si un indice haussier est dans la majorité du temps en phase de drawdown, alors quel constat peut-on faire des actifs baissiers ?
A l’image d’Unibail-Rodamco-Westfield qui fût en tendance baissière de 2015 à 2020, la dégringolade est terrible et ne permet pas à votre portefeuille de remonter. L’action du leader de l’immobilier commercial au lieu de créer de la valeur pour ses actionnaires en a perdu.
S’expose alors quelques constats :
- Quand une action est haussière, elle ne crée de la valeur qu’une minorité de son parcours, entre 20 et 50% du temps.
- Quand une action est neutre, elle ne crée pas valeur mais n’en détruit pas.
- Quand une action est baissière, elle détruit de la valeur.
En bourse, sélectionner ses meilleurs dossiers a donc un double objectif : réduire la variance et réaliser des performances.
Le nerf de la guerre : votre portefeuille.
Pourtant lorsque l’on parle de drawdown, peu font directement référence à la volatilité des actions. Il associe plus fréquemment cette notion aux variations que vont subir leurs portefeuilles financiers.
En bourse comme pour les activités de trading, il apparait indispensable de suivre ses performances pour les optimiser (drawdown management). Le but étant de réduire au maximum les phases qui détruisent de la valeur.
Le drawdown étant la conséquence directe (le résultat) de toutes ses investissements, un nombre important de paramètre rentre en ligne de compte pour faire varier le niveau de risque :
- Les stratégies utilisées (scalping, swing trading, hedging, etc.), leurs unités de temps et leurs qualités.
- L’effet de levier (accentue vos gains et vos pertes).
- Le risk/reward.
- Le money management.
- Le respect de vos plans.
- Les frais de transactions.
Le taux de réussite pourrait être un élément important, or il est régulièrement sur-coté et sur-valorisé. En effet beaucoup utilise ce seul critère pour défendre l’idée qu’ils détiennent un avantage sur les marchés financiers.
Malheureusement le taux de réussite, même élevé, n’assure pas le succès. Il n’est pas rare qu’une seule perte fasse perdre la totalité des gains accumulés par le trader qui en fait l’éloge.
Pour limiter le drawdown il faut chercher la sécurité.
Parler de sécurité lorsqu’on évoque la bourse, qui elle rémunère le risque peut prêter à sourire.
Par nature les marchés financiers sont imprévisibles, instables, “saisonniers”, volatiles et changeant. La gestion du risque devient un exercice complexe mais ô combien important pour toute structure professionnelle… et indépendante.
Personne n’y échappe.
C’est d’ailleurs l’un de mes principaux critères de sélection de valeur. A court terme bien que les performances passées ne prévalent pas des performances futures, des situations sont comparables.
Simuler la courbe suivante ne motive pas l’investissement. Trop peu régulière, aléatoire, la croissance semble hasardeuse.
A l’inverse la courbe ci-dessous est plus alléchante, drawdown faible, progression constante. Elle rassure et donne davantage de confiance.
C’est la partie la plus complexe car elle nécessite de Backtester tout ou partie de ses prises de décisions.
A l’inverse tenir un journal de trading est une solution accessible et primordiale.
Développer un journal d’investissement
Un journal d’investissement recense l’intégralité des prises de décision effectuées sur le marché.
C’est une activité chronophage mais très importante car elle sera en mesure de vous faire comprendre pourquoi et à quel moment les pertes ont été impactantes.
Évidemment plus le journal, qui s’apparente à un simple fichier informatique, est complet plus il vous est possible d’analyser vos statistiques avec finesse.
La courbe des gains et des pertes de l’exemple de journal ci-dessus représente ce graphique :
Il est possible d’analyser que le trade n°3 a fait subir au portefeuille une perte importante compensée par une belle croissance du capital. Toutefois à partir du trade n°8, il n’y a plus eu de progression.
Ce rapport fait partie d’un journal quotidien mais l’axe des abscisses (ligne horizontale basse) pourrait représenter un bilan mensuel pour d’autres journaux.
Dès lors, l’année et le trimestre écoulé seraient positifs sur notre bilan mais nous n’aurions pu fait évoluer notre capital depuis 8 mois. C’est possiblement normal, la quête du gain quotidien est une lutte sans fin.
Cet exemple doit illustrer plusieurs types de drawdown :
- celui court, qui correspond à un accident ou une perte inévitable vite rattrapée.
- celui moyen-terme, qui correspond à une succession de contre-performance (bad run), inévitable d’après la loi des grands nombres.
- celui qui mélange les deux.
La difficulté pour tout débutant est de savoir s’il fait face à un drawdown inévitable ou si sa stratégie le même à la faillite, avec comme élément perturbateur : le facteur temps.
Comment limiter le DrawDown ?
Deux pistes de réflexion ont déjà été évoquées dans cet article : le journal d’investissement aussi appelé journal de trading et le backtesting. Mais pour le compléter, il convient de mettre en exergue trois autres idées.
Fuyer l’effet de levier.
Cet outil miracle qui vous permet d’emprunter (beaucoup) plus d’argent que nous n’avez en portefeuille augmente considérablement la variance (l’écart observé par rapport à la moyenne) et les brokers le savent parfaitement.
Vous faites ainsi varier, dans une échelle qu’il est difficile de vous le permette, vos gains et vos pertes. Sauf que si vos gains peuvent être illimités, votre portefeuille à une limite : 0.
Hedger ses actifs
A chacun sa stratégie et certains traders assument une répartition en ACHAT et VENTE de tel sorte que, lorsque les actions montent une partie du portefeuille évolue, lorsqu’elles baissent une autre compense les potentiels pertes.
C’est tout de même complexe de générer de l’alpha dans ces conditions.
Et beaucoup d’investisseurs ne sont positionnés qu’à l’achat.
Alors quand la bourse chute il peut être intéressant d’avoir un coup d’avance, celui d’hedger ses actifs. Le principe est simple, il consiste à prendre des positions qui vont être en contresens du portefeuille.
Fixer des règles
Il faut être imaginatif et faire appel au bon sens pour ne pas se laisser guider par ses émotions et tomber dans le FOMO “Fear Of Missing Out”.
Quelques règles simples peuvent être mises en place :
- Se fixer une limite de perte maximale.
- Réduire son pourcentage de risque par investissement après une période très chanceuse.
- Faire des pauses.
- Varier ses stratégies.
Peut-on éliminer le drawdown ?
Limiter le DrawDown est possible et nous venons d’exposer quelques solutions à explorer, certains appelleront cette discipline le DrawDown Management.
Il est toutefois inimaginable de ne pas en avoir. Ceux qui tenteraient d’appâter de nouveaux “clients” avec des courbes parfaitement linéaires cacheraient en réalité des positions non débouclées, largement perdantes.
Le trader professionnel ressemble aux joueurs de poker professionnel. Il connait et se satisfait de la variance car il sait qu’un moment ou un autre ses résultats remonteront s’il garde la même ligne de conduite.
Une ligne de conduite qu’il est difficile pour un débutant de conserver face aux premières pertes parfois (trop) importantes. Dès lors c’est l’expérience et la confiance qui entre en jeu…