On dit que 90% des particuliers perdent en bourse : pourquoi ? Comment ?

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Vous l’avez sans doute déjà lu au bas d’une publicité. Selon des statistiques régulièrement affichées, 90% des particuliers perdent en bourse. Mais pourquoi et comment ? À priori, c’est un peu comme les paquets de cigarette. Sauf que la santé financière est en jeu, plutôt que la santé physique. Dans les deux cas, on nous vend ce qui semble particulièrement dangereux. Et ce qui est annoncé comme tel !

À travers cet article, je vais justement m’intéresser à ce phénomène. Un phénomène qui, en réalité, n’est pas si surprenant que ça. Et pour cause, si j’ose le parallèle, on retrouve ce même pourcentage pour tous les jeux d’argent et de hasard (paris sportifs, casinos, etc.). Mais les prestataires continuent de bien se porter. Le trafic est loin de se résorber.

La réflexion dont je suis sur le point de vous faire profiter… prend ses racines aux origines de mon trading.

Dès le départ, j’ai voulu comprendre d’où venait ce nombre aussi inquiétant. Après plusieurs recherches, je pense avoir beaucoup mieux saisi les enjeux. La mécanique. Les raisons pour lesquelles ce 90% trône à de si nombreuses occasions.

Une chose est sûre : il y a des risques. Ils font intégralement partie du deal si j’ose dire. Cela étant, il faut garder la raison. Observer le paradigme avec attention. Ne pas partir pendant. Et comprendre justement pourquoi les statistiques affichent une telle débâcle globale.

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Mais revenons au sujet.

Les “fameux” 90% de particuliers qui perdent en bourse : est-ce certain ?

Dès le début de mon investigation, j’ai cherché la source de cette indication.

Et je l’ai trouvée. Ce chiffre tant cité émane d’une étude réalisée par l’AMF (l’Autorité des Marchés Financiers). Elle date de 2014 ; vous pouvez la retrouver dans nos références[1].

Oui, 2014. Le temps file. Nous pouvons donc raisonnablement nous demander si les résultats toujours d’actualité. D’autant que la législation autour des CFD, de leur mise à disposition par les brokers, à évolué depuis cette époque.

Des brokers qui, soit dit en passant, indiquent souvent un ratio plus… light. Sur la page d’accueil, la négociation de produits financiers engendrerait plutôt entre 70% et 85% de pertes chez les particuliers. Ouf ! Nous sommes de plus en plus nombreux à gagner en tradant… non ?

Attention. C’est sur ce dernier point que je m’émets ma première réserve. Les chiffres annoncés par le broker sont mis à jour régulièrement (chaque trimestre, voire chaque mois). Dès lors, il est possible qu’un pourcentage de leur client soit plus séduisant sur un trimestre. Le temps d’un mois. Pas sur l’année, en revanche. Ni sur plusieurs années.

Pertes d’argent par les particuliers : l’importance d’une vue d’ensemble

L’étude de l’AMF se base sur une période d’observation de 4 ans. De ce fait, les pourcentages promus par les brokers et ceux de l’AMF sont incomparables.

Quitte à me mettre certains grands pontes à dos… j’ai donc envie de maintenir que 85 à 90% des clients perdent de l’argent à ce stade. Car il me paraît plus juste de projeter la dynamique perte/gains sur plusieurs années.

Dans son étude, l’AMF déclare avoir suivi 14 799 clients actifs. Sur ce total, seuls 121 “élus” ont dégagé un résultat supérieur de 24 000 euros. En outre, ils semblent à eux seuls avoir gagné 10 377 687€. Si l’on s’en réfère au tableau ci-dessous, le reste de l’échantillon a soit perdu, soit gagné peu d’argent. 121/14 799 = 0.8%. Cela veut dire que 99.2% des particuliers sont déficitaires ou profitent à peine de l’opportunité.

Tout cela n’a rien de très… encourageant, n’est-ce pas ? Restez connecté(e), cela dit. La suite vaut le détour. Elle consiste en un examen plus nuancé de ces constatations.

Dès le paragraphe suivant, nous allons mettre en avant les raisons principales de cet échec (presque) généralisé.

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Etude AMF – 13 octobre 2014

1. L’absence de capitaux importants

Voilà l’une des raisons majeure qui empêche de gagner en bourse : l’absence de capitaux.

Si vous avez consulté mon article sur les risques en bourse, vous avez pu le constater : j’invite les petits capitaux à faire très attention.

En effet, ces derniers cèdent facilement à la tentation. Pour augmenter le rapport temps passé/gains à augmenter… ils vont irrationnellement augmenter leur taille de position par rapport à leurs capitaux. L’effet de levier charme les moins fortunés.

Et pour cause. Si on vous promet de devenir millionnaire en bourse avec 1 000€…

Puis qu’on vous laisse miroiter une mise de 100 000€ par la suite…

… pourquoi ne le feriez-vous pas ? Le problème, c’est que vous prenez des risques de pertes importants. Vos nombreux frais liés aux intérêts vont augmenter vos pertes. Mécaniquement, cela réduira vos gains.

Le cerveau, ce grand ennemi du trader

Je ne connais personne en bourse qui soit psychologiquement capable de trader sur le long terme en partant d’un petit capital. Capable de raisonner avec des objectifs de revenus proportionnels.

Un trader intermédiaire pourrait théoriquement se contenter de gagner 2% mensuel de 5 000 € (soit 100€ par mois). Toutefois, compte tenu du temps passé et des frais, il aura tendance à augmenter ses risques avec un peu plus de confiance… jusqu’à la déroute.

Lorsque l’on s’intéresse à la part des frais, on se rend compte que le courtier prélève en moyenne et a minima 2.5€ par ordre.

Il y a trois ordres à considérer pour une seule position FOREX. L’ouverture de position, la fermeture de position, ainsi que la conversion de la monnaie dans la devise de votre portefeuille).

Au bilan, vous essuyez un minimum de 7.5€ prélevés*. Deux prises de position par jour sur un mois débouche sur une dette de… [2 * 20 jours * 7.5 = 300].

Oui, 300€. Soit 6% du capital de 5 000€ évoqué précédemment. Cela peut sembler conséquent, mais je n’ai même pas comptabilisé les frais liés aux effets de levier et les rollovers (swaps) négatifs. Soyons clairs : aucun intermédiaire ne travaille gratuitement. Quand il vous dit que tout reste à sa charge, c’est qu’il vous prélève du spread au lieu de frais fixes. Pas très honnête… vous en conviendrez.

*les frais dépendent de votre intermédiaire, renseignez vous auprès de lui.

La dimension psychologique : une ennemie… aussi pour les joueurs

Avant de détailler la deuxième raison pour laquelle les particuliers affichent un score aussi lamentable, j’aimerais établir une analogie intéressante.

Certes, on ne peut pas comparer les jeux de hasard et le trading sur tous les points. Beaucoup d’éléments les séparent. Drastiquement.

Pour autant, parmi leurs points de rapprochement, il y a cette dimension psychologique importante. L’addiction au jeu est (officiellement, scientifiquement) une pathologie. Le cerveau, pour des raisons complexes, “trahit” le parieur.

Quelqu’un qui se retrouve dans cette situation perdra parfois, et plus souvent qu’on ne le croit… parce qu’il n’a pas su s’arrêter. L’un des comportements les plus typiques consiste à insister. À jouer encore, malgré les gains. Jusqu’à en épuiser son solde.

En ce qui concerne les activités sur les marchés financiers, c’est plutôt la taille qui compte. Toutefois, la difficulté reste la même. Le terme anglais “greed”, qui n’a pas d’équivalent strict en français, désigne très bien cette tension. Le joueur en veut plus. Il ne se contente pas des résultats obtenus jusque-là.

Si je me permets cette parenthèse, c’est à cause d’un réflexe courant. Celui qui revient à parler d’arnaque dès la moindre déception. Oui, les escroqueries en ligne existent. Les sites de “gambling” frauduleux n’ont rien d’un mythe. Mais parfois… c’est notre propre psyché qui entraîne un basculement.

Revenons au cœur de cet article. J’ai montré qu’un capital trop… chiche menait à prendre les mauvaises décisions. Une mauvaise technique, une mauvaise approche fait aussi partie des dangers. Je m’explique.

2. Ces 90% de particuliers perdent en bourse… par manque de méthode

Pour comprendre plus en détails comment les traders particuliers perdent de l’argent en trading, nous allons nous intéresser aux études réalisées par DAILYFX. Plus particulièrement au guide du “Profil Type du Trader à Succès – La Principale Erreur des Traders”[2], réalisé à partir de 100 000 comptes clients.

On y apprend notamment que 64% des trades clôturés sur ces comptes le sont en gain. Là où le vrai problème se pose, c’est au niveau des trades perdants. La moyenne des clôtures “dans le rouge” est fortement supérieure aux gains générés. Les maths parlent d’eux-mêmes.

L’être humain n’aime pas perdre. Il y a des exceptions, certes. Mais globalement, il préfère avoir raison que tort. Il préfère pouvoir montrer de belle courbe de gain à ses confrères. Étaler sa réussite, envers et contre tout

Et si vous perdiez moins, à défaut de gagner plus ?

Psychologiquement une perte est difficile à accepter. Notamment sur le plan financier.

L’étude précitée, qui comporte un volet “pédagogique”, invite à couper vos pertes.

Elle a raison. Selon moi, il est plus important de ne pas perdre d’argent… que de ne pas en gagner. Elle vous invite à tenir vos trades et utiliser un ratio risque/récompense a minima de 1:1 voir de 2:1. Selon cette dernière, 51% des comptes clients qui ont réussi à inverser ce ratio risque/récompense ont fini en positif en 2016. Il y a donc de l’espoir.

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Illustration d’un ratio de trading intéressant, petite perte, gros gain.

Des méthodes uniques dans un marché qui ne l’est pas

Pour finir, il faut rappeler que les méthodes de trading ne sont pas universelles. Ce qui fonctionne dans un cas… peut échouer dans l’autre. Or le trader ambitieux qui emploie une stratégie spéciale, à la quelle il croit, souhaite l’utiliser sur tout type d’actif, tout type de marché.

  • Structurellement, le marché des indices est en tendance haussière, avec des cycles mensuels de baisse parfois intenses (crash). Alors pourquoi vouloir vendre la plupart du temps ?
  • Le marché du FOREX, quant à lui, se situe dans un rang trimestriel. Alors pourquoi ne vouloir que suivre la tendance sur ces actifs ? Sur le court terme, vous pouvez vous retrouver dans des journées directionnelles. Des phases très volatiles (dans les deux sens) ou en rang serré.

    Face à ces constants, comment pourrait-on envisager une seule et même stratégie ? Vous l’aurez compris : de mon côté… je ne l’envisage pas !

3. Les particuliers se font arnaquer… parfois

Vous pourriez penser que je me contredis.

Ce n’est pas le cas. Oui, j’ai invité à la prudence concernant ce raccourci facile. Cette tendance à dénoncer un scandale dès la première perte. Mais il y a tout de même des aranques.

Il existe beaucoup d’intermédiaire de trading qui ne sont pas régulés par l’AMF, qui ne sont tout simplement pas autorisés en France. Vous trouverez la liste des intermédiaires en suivant ce lien.

En somme, on peut vous faire de fausses promesses de gain. Vous faire croire que vous allez amasser une fortune grâce à des comptes de démonstration trafiqués. Ne déposez jamais d’argent chez eux… au risque de ne plus pouvoir le récupérer. Ces intermédiaires étant, en plus, localisés hors de France, vous ne pourrez rien faire légalement et juridiquement…

Cette dernier cause s’éloigne un peu du cadre officiel. Celui des statistiques. Il me semblerait, néanmoins, indispensable de lui consacrer quelques lignes.

Quand 90% des particuliers perdent en Bourse… peut-on espérer gagner ?

À travers cet article, j’ai souhaité vous faire prendre conscience d’une réalité importante. Le trading est compliqué pour la quasi totalité des particuliers.

Je ne dis pas qu’une expérience positive est impossible. Pour autant, elle n’est jamais aussi fluide et organique que certains voudraient le faire croire.

Privilégier les positions long-termes pour supprimer l’overtrading, réduire vos frais, réduire l’impact de la psychologie, améliorer vos plans et rappelez vous que votre premier objectif est de ne pas perdre… voici plusieurs pistes d’action à envisager.

Ainsi, peut-être (je vous le souhaite) défierez-vous les statistiques. Mais ne relâchez jamais votre vigilance ! 🙂

Alors, cette thématique vous a-t-elle intéressé(e) ? Avez-vous des remarques à ce propos ? On continue à échanger dans les commentaires !


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3 commentaires
  1. Bonjour Christopher, tout d’abord merci pour ce blog que je découvre aujourd’hui, qui est très clair et concis (pas toujours le cas quand on parle de finance et de trading en particulier!). Je suis nouveau dans le monde du trading et j’ai 2/3 questions une à propos de cet article et une sur les formations.

    1- Concernant les coûts facturés par positions c’est un point sur lequel j’ai longtemps buté avant de me lancer en réel. Et chez mon broker (Oanda) les frais sont au spread à priori. Comme je pars avec un petit capital (700€) pour débuter et me former j’ai relevé des coûts bien plus faibles ( de l’ordre de quelques centimes) lors de mes passages d’ordres. Tu penses que c’est lié au Forex? Ou c’est une question de Broker? 2.5 € en moyenne cela concerne le passage d’ordre sur action en direct c’est cela? J’espère ne pas avoir de mauvaises surprises comme un rattrapage de frais…!

    -2 Pour les formations j’ai acheté la formation Trader Pro et ATPRO chez Enbourse de Sylvain March tu connais, tu as testé? C’est un ami qui a suivi une seule de ses formations (relax trading) qui me l’a conseillé mais je ne sais pas quoi en penser?

    Merci d’avance pour tes réponses.

    Julien

    1. Bonjour Julien,

      Je te remercie pour ton commentaire et je vais t’apporter mon point de vue avec plaisir 🙂

      1) Je découvre Oanda avec ton commentaire, impossible de trouver les frais facturés mais j’imagine que oui tu dois être au spread. Effectivement, ils peuvent être plus faibles que mes “2.5€” qui moi sont des frais d’ordre fixes. Au spread en forex, ils seront proportionnels à ta taille de position (et donc ta valeur du point). Si ta valeur du point est à 5€ et que ton spread est de 1.5, ton ordre te coute 7.5€. Alors oui pour le moment c’est avantageux avec un petit capital, mais je t’invite à faire régulièrement le point lorsque ton capital évolue. S’ajouteront à tes frais le rollover (si tu restes en position la nuit et notamment le mercredi) ainsi que les frais de détention/variations des devises que tu ne détiens pas dans ton portefeuille. Une chose est sûre, il n’y aura pas de rattrapage de frais mais peut être des frais facturés que tu n’avais pas prévus. Les brokers ne perdent pas d’argent, ça c’est sûr aussi…

      2) J’ai reçu plusieurs demandes d’avis sur les formations de Sylvain que je n’ai pas testé mais je vais sans doute me prévoir un petit budget pour tester prochainement 🙂
      De premier abord, j’ai un avis plutôt négatif. Sylvain affiche “sa réussite” et ses belles voitures pour attirer de nouveaux clients, pour faire rêver, ce qui est pour moi déjà un mauvais signe. J’ai fait beaucoup de recherche et regarder ses lives Youtube, il n’y a rien qui m’attire malheureusement… Un article plus complet serait le bienvenu et je serais intéressé pour croiser mon analyse avec ton retour d’expérience puisque tu y es déjà inscrit.

      Très belle soirée à toi et à bientot.
      Christopher

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