Quel est l’impact de la bourse sur l’économie réelle ?

Impact bourse sur l'économie.

Il existe un paradoxe sur la bourse appartenant au monde de la finance. Celui de croire que la bourse est irréelle, purement spéculative et qu’elle ne participe aucunement à l’économie réelle alors que dans un second temps, quand l’économie est en berne, quand les emplois sont menacés, le peuple s’injure (à raison peut-être) que le système capitaliste dans lequel nous vivons est un cancer et la bourse : l’outil de toutes les dérives.

Le but de cet article n’est pas de débattre sur le bien fondé ou non de notre système économique actuel mais de comprendre quelles sont les interactions entre les marchés financiers et l’économie réelle. Avec comme objectif de vulgariser l’information, de rendre l’économie compréhensible et de réorganiser les croyances populaires.

Alors la bourse c’est réel ou pas ? 🙂 un indice… avec cet extrait d’ 1m20s du célèbre film Le Loup de Wall Street :

Cet extrait récapitule une vision limitée de courtiers, rémunérés sur les commissions et non les performances des investisseurs… mais il a le mérite de participer au débat du jour alors reprenons tout depuis le début pour être un peu plus sérieux et précis.

Dissocier le marché primaire du marché secondaire.

Avant toute chose, il faut rappeler que les marchés financiers sont des moyens de financer des entreprises grâce à leur introduction en bourse. C’est ce que l’on appelle le marché primaire.

Qu’est ce que le marché primaire (marché du neuf) ?

Une entreprise qui recherche du financement pour ses besoins de développement peut demander un prêt à une banque (c’est la voie la plus classique). Ce prêt, admettons de 200 millions d’euros, peut être refusé à l’entreprise pour X raisons. La banque peut abandonner ce dossier ou proposer à ladite entreprise des solutions alternatives, qui sont :
– L’introduction en bourse [en anglais : Initial Public Offering (IPO)].
– Ou l’émission d’obligation, qui sont des titres de dette.

Dans la perspective d’une introduction en bourse, des parts de la société en question sont mises en vente sous forme d’actions et sont proposées à des investisseurs (fonds d’investissement, banques d’investissement, particuliers, etc.) que l’on appellera ensuite : des actionnaires. Les actionnaires en investissant s’attendent à une rentabilité. Soit grâce à la croissance de l’entreprise qui fait évoluer la valeur des parts de l’entreprise donc des actions, soit grâce à la redistribution des bénéfices : les dividendes.

La dernière introduction en bourse d’ampleur qui a eu lieu sur le territoire national concernée la Française des Jeux en Novembre 2019. J’ai d’ailleurs été interrogé par TF1 à ce sujet et je vous partageais mon scepticisme tant la communication était trompeuse sur le partage réel des bénéfices de la société (après impôt) : https://www.lesformationstrading.fr/tf1-privatisation-francaise-des-jeux/.
Aujourd’hui l’action résiste grâce à la crise du coronavirus (les tabacs étant ouverts et les chiffres de consommation ne sont pas communiqués), tant mieux pour les investisseurs…

En finançant des entreprises, le marché primaire participe directement à l’économie réelle.

Puis arrive le marché secondaire (marché de l’occasion)

Les titres de propriété détenus par les actionnaires peuvent être vendus puis rachetés, puis revendus, etc. C’est ce qu’on appelle le marché secondaire. C’est la bourse tel que l’on l’entends tous, où la fluctuation des prix des titres dépend de la loi de l’offre et de la demande. Votre courtier ou votre plateforme de trading ne sont que des intermédiaires qui organisent et mettent en relation des investisseurs. L’argent est alors échangé entre actionnaires et ne bénéfice plus à l’entreprise. Le marché secondaire est au cœur des spéculations.

Mais on ne peut pas pour autant considérer que la bourse, de part ce marché secondaire, n’a plus d’impact sur l’économie réelle et ce que nous allons voir.

Le cours de bourse devient l’indicateur à soutenir

Le cours de bourse devient l'indicateur de l'entreprise

Il faut bien comprendre qu’une société a tout intérêt à ce que son cours de bourse soit fleurissant. D’abord pour garder le contrôle. La valeur de la somme des actions (représentant la capitalisation boursière) et aussi la valeur de l’entreprise. Si cette dernière est trop faible, l’entreprise court un risque de rachat. Un fond d’investissement pourrait devenir actionnaire majoritaire et dicter les lois du devenir de l’entreprise. Ensuite pour garder une capacité de financement, soit en rassurant les banques sur la santé financière de l’entreprise, soit en augmentant le capital par l’émission de nouvelles actions (retour au marché primaire). Et enfin… pour s’enrichir.

  • Enrichissement des actionnaires : Ces derniers ont investi de l’argent pour être propriétaire d’une partie de l’entreprise mais espèrent évidemment trouver un retour sur investissement. Argent, qui sinon, pourrait être investit ailleurs. Le PDG de la société doit donc se conformer aux attentes des marchés financiers s’il ne veut pas voir le cours de la bourse descendre faute de demande.
  • Enrichissement du PDG : Une grande partie de la rémunération du PDG est variable et proportionnel aux performances de ce dernier grâce aux systèmes des stock-options. Satisfaire les actionnaires, c’est aussi satisfaire son propre portefeuille 😏.
  • Enrichissement des cadres dirigeants, cadres et salariés : Les autres salariés de l’entreprise peuvent bénéficier, pour certain et majoritairement les cadres dirigeants, des stock-options, concrètement des actions ou des certificats d’investissement. Les valeurs de ces titres étant reliés au cours de la bourse, tout le monde y gagne si celle ci monte.

Problème! Maintenir ou tenter de redresser la valeur des actions demandent des engagements et des résultats impactant évidemment l’économie réelle. C’est ce que nous allons voir.

Les solutions court terme sont privilégiées

Les sociétés cotés en bourse s’engagent lors de leur publication de résultats sur des perspectives de croissance. La vision du PDG et ses perspectives, sont des moyens de conserver les actionnaires dans leurs rangs. Alors forcément lorsqu’on est engagé et que l’on souhaite conserver un niveau de confiance avec ses investisseurs, on met tout en œuvre pour respecter ses prévisions.

C’est là que les résultats à court terme deviennent une priorité au détriment d’investissement long terme, même potentiellement plus viables pour le devenir de l’entreprise.

  • Imaginons que je suis capable d’investir dans le développement d’un nouvel outil m’assurant une rentabilité de 10% la première année mais qui sera vite obsolète et couteux par la suite.
  • Imaginons également que la deuxième proposition de mon directeur développement soit d’investir dans une infrastructure offrant des meilleures conditions de travail à mes salariés mais un gain de productivité de seulement 2%, tous les ans.

Étant jugé sur ses résultats trimestriels, puis annuels, le PDG va peut être prendre l’option générant le plus de profit immédiatement…

Une part des bénéfices vont aux actionnaires

Comme nous l’avons déjà précisé, la rémunération des actionnaires pour récompenser le risque d’investir se fait par l’augmentation de la valeur de l’entreprise, par la redistribution des richesses (les dividendes), ou les deux. Il est à noter que le versement du dividende n’est pas automatique, ni garanti. La plupart des entreprises cotés ont réduit ou, tout simplement, annulé le versement de leur dividende sur l’année 2020 à cause de la pandémie du coronavirus. Une mesure préventive qui permet aux sociétés de conserver de la trésorerie ou… bénéficier du chômage technique…[1]

Les dividendes sont considérés comme des mesures incitatives. Un bon nombre d’actionnaire se focalisent sur la rente (le rendement annuel) généré par ces versements qui dans une version modérée n’a rien d’anormal. Dans le cadre du financement d’une entreprise par une banque, cette dernière demandera le remboursement du prêt et le paiement d’un intérêt. Il est donc normal, qu’une entreprise qui a reçu un financement extérieur pour réaliser des performances actuelles et futures, se dote d’une contrepartie.

Mais attention aux proportions. Nous aurons l’occasion approfondir dans un futur article cette notion de dividende et leur relation sur les prix. Toujours est-il que verser des dividendes, en trop grand nombre, réduit considérablement les capacités de croissance d’une entreprise car l’argent gagné n’est pas réinvesti dans le développement, l’innovation, la production… (donc l’économie réelle)[2].

L’entreprise opte pour un rachat d’action

La dernière solution que nous allons évoquer pour soutenir les cours est le rachat d’action. Une solution simple qui permet à une société d’utiliser ses liquidités pour soutenir artificiellement les cours. Les actions ainsi rachetés sont “brûlées” c’est à dire qu’elle ne sont plus en circulation. Le nombre de titre de propriété diminuant, le cours de l’action monte mécaniquement. Les performances de l’entreprise sont artificiellement boostées. En effet si l’on prend comme exemple l’indicateur du bénéfice par action (BPA), le bénéfice ne change pas mais le nombre d’action en circulation ayant baissé, le BPA augmente mécaniquement.

Le rachat d’action pose la question de la solvabilité de l’entreprise à long terme qui ne semble pas être capable de trouver des projets de développement.

Des nombreux efforts sont donc organisés pour soutenir des présentations de résultats conformes aux attentes (et donc le cours de bourse) au détriment d’une vision long terme et véritablement efficiente.

Cette compréhension du marché nous pousse à adapter nos actions d’investissement et de trading. Une compréhension que nous partageons avec chacun d’entre vous, sans limite, via nos e-mails confidentiels. Le partage, tant pour vous que pour moi, est un véritable levier d’apprentissage et de progression, vraiment, et tout se passe ici :

Une passerelle avec le trading ?

Comprendre le mécanisme de l’économie et de certain actifs financiers permet d’accorder de la confiance à sa stratégie de trading. Le cours d’une action réagit évidemment aux performances d’une entreprise. Mais la confiance des investisseurs envers les dirigeants et les mesures incitatives qu’ils proposent sont aussi de nature à influencer un cours de bourse.

Quant-on comprend en plus le mécanisme des Banques Centrales, il n’est pas illogique que les actions ont un biais haussier à long terme. C’est un point de détail important, vendre un action est plus risquée que de l’acheter.

Au regard de ces paragraphes, la conclusion est simple et évidente! Oui la bourse a un impact sur l’économie réelle et cela, à tout moment. J’ai voulu vous présenter un état des lieux, accessible, sans rentrer dans un débat et j’espère avoir réussi.

Quelques mots pour résumer…
  • Le marché primaire permet de financer des entreprises.
  • C’est le marché secondaire qui vous permet d’acheter et vendre des actions en bourse, en fonction de la loi de l’offre et de la demande.
  • Les entreprises cotés ont besoin de soutenir le cours de bourse. Elles utilisent pour cela différentes mesures incitatives (dividendes, rachat d’action).

Un sujet vous intéresse dites-le moi en commentaire ? 😊


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