J’ouvre mon compteur article par un sujet ô combien épineux mais auquel on ne peut pas échapper quel que soit notre niveau de trading : Les risques en bourse. Car il n’y aura pas de débat possible et la conclusion est déjà connue, OUI la bourse est risquée, OUI vous pouvez perdre de l’argent, beaucoup d’argent, OUI vous pouvez vous endetter et perdre plus que vous capital[1]. Alors heureusement cet article ne s’arrête pas ici, et maintenant que l’introduction est faite, j’aimerai vous expliquer quels sont les risques en trading, car même s’ils sont “assumés” par les traders, tout n’est pas forcément appréhendé.
Les paragraphes qui suivent vont décrire les risques les plus courants que l’on peut trouver sur les actions, les indices ou le forex et sont à même à faire déjouer toutes vos estimations de gain / perte ou de rentabilité.
Les statistiques économiques, publications et les news
Commençons par le plus classique, nous sommes submergés chaque jour, par des statistiques économiques, des publications de résultats et des informations impactant plus ou moins significativement les marchés financiers. Même s’il est rare que les statistiques économiques aient un gros impact sur l’évolution d’un actif à long terme, à court terme, une prise de position avant une statistique est un risque important. D’autant plus qu’un pic de volatilité va avoir lieu dès l’annonce de la statistique augmentant les effets de slippage et le spread variable que nous allons voir lors des prochains paragraphes.
Les actifs ayant normalement déjà “pricé” toutes ces informations, il est pour moi impossible de savoir quel va être le résultat par rapport à la prévision et comment le marché va réagir vis-à-vis de ce résultat, on entendra souvent parler de “trading casino”. Et oui, il n’est pas rare qu’une entreprise annonce de très mauvais résultats trimestriels et qu’une action chute de 20% à l’ouverture des marchés, il n’est pas rare qu’une décision de Banque Centrale sur les taux d’intérêt renverse une cotation de forex et plus récemment qu’un tweet de Donald TRUMP ouvre un cycle baissier sur les indices.
Soyez informés, lisez les actualités, ouvrez le calendrier économique[2] et le calendrier des publications d’entreprise, mais dans tous les cas, n’utilisez pas de levier.
Les effets de levier
Les effets de levier sont les dispositifs “magiques”, fournis par les courtiers pour vous faire gagner beaucoup d’argent même si votre compte n’en contient que très peu. Et forcément, moins vous avez d’argent, plus vous voulez utiliser de levier.
En bourse, le levier ne vous aide pas à gagner, bien au contraire, c’est le principal responsable des “cramages” de compte car dans toutes les moments de forte volatilité qui peuvent être entraînées par les situations vues au premier paragraphe, vous pourrez perdre tout votre capital avec du levier. Et des exemples, il y en a tous les jours, regardons la situation de ce matin sur l’OIL, qui a eu un pic de volatilité lié aux attaques aux drônes en Arabie Saoudite (le 15/09/2019) :
L’OIL a ouvert avec un gap de plus de 10% et une mèche haute jusqu’à 15% du cours. C’est à dire, qu’avec un effet de levier de plus de 10 (10*10% = 100%), le compte du client atteint 0 et peut même se retrouver en négatif si l’absence de liquidité empêche le client de trouver une contre-partie à temps et donc de sortir…
Le levier vous coûte de l’argent
Le levier, c’est aussi un prêt d’argent de la part de votre courtier. Et comme tout prêt d’argent, vous aller payer des intérêts surtout si vos positions sont maintenues ouvertes pendant la nuit, le week-end.
Calculons le coût des intérêts : Vous observez l’USD/CZK dans un joli petit canal DAILY, vous projetez de payer le bas de canal et viser le haut pour votre prise de bénéfice. En regardant votre graphique en hebdomadaire, vous estimez que le cours peut arriver en haut du canal en 1 mois. Vous attendez et payez votre signal, le STOP est placé à 300 pips, votre Take Profit à 700 pips (le RR étant de 2.33), le trade est bon. Vous savez que vous ne voulez perdre que 100€ soit 1% de votre capitale de 10 000€, chaque pips vos donc 0.33€. Votre position s’élève à 85 000€ pour cette opération, votre broker vous prête donc 75 000€, le levier est de 7.5.
Revenons sur notre calcul de coût des intérêts, les taux d’intérêts sont variables d’un broker à l’autre mais prenons un pourcentage classique de 2% annuel. Rapidement, (75 000 * 0.02)/365jours = 4.11€ par jour de frais. Le trade devrait vous couter 123€ de frais s’il est bien maintenu à son TP au bout de 30 jours. Toutes les situations ne se valent pas mais le coût pour ce trade est allucinant, 123€ pour un trade qui devrait n’en rapporter que 233€ seulement s’il se passe comme prévu. A contrario, quelqu’un qui a 85K€ sur son compte lui fera l’économie de ces frais grâce à l’absence de levier.
On voit encore par ce dernier exemple qu’un levier mal maitrisé est dangereux. Les petits capitaux doivent être très très vigilants et privilégier les positions long-termes sans levier, car même si vous pensez maîtriser les événements sur des positions intradays, le slippage pour absence de liquidité peut vite arriver.
Le slippage (différence entre le bid et le ask) – Forex
Le slippage, c’est malheureusement un phénomène que l’on découvre que quand il nous arrive! Il s’agit de la différence entre le bid et le ask, dit autrement entre l’offre et la demande. Cette notion s’applique au forex, car la cotation du forex est particulière, le cours du forex représente la moyenne entre l’offre et la demande mais PAS le prix d’achat ou vente réellement disponible sur le marché.
Ainsi, les ordres exécutés ne sont pas toujours exécutés à des niveaux de prix que nous voulions, que ce soit en notre faveur ou défaveur, et cette notion de slippage s’accentue lors des pics de volatilité ou l’absence de liquidité.
Prenons un exemple pour comprendre l’incidence : vous placez un stop au cours d’entrée (BreakEven) pour protéger votre position avant une statistique. La statistique créait un pic de volatilité en votre défaveur, une mèche est venue toucher votre stop. Dans le moins pire des cas, votre stop est exécuté mais la volatilité est tel que la différence entre le bid est le ask s’est élargie, vous sortez de position avec -5.7 pips alors que vous deviez être breakeven. Dans le pire des cas, la volatilité entraîne une absence de liquidité, votre stop n’est pas exécuté, le broker bloque votre position dès qu’il peut pour appel de marge, vous sortez largement perdant mais l’absence de levier n’a pas ruiner votre compte.
Les gaps ou trous de cotation
Nous avons déjà parlé des gaps avec l’exemple de l’OIL. Les gaps ont lieu à l’ouverture des marchés, les marchés étant fermés le week end (sauf pour les Cryptomonnaies) et la nuit (pour les actions, indices), les ordres s’accumulent dans le carnets d’ordre lors des horaires de fermeture avant d’être déclenchés à l’ouverture des cotations.
Si un événement important, un tweet important, a lieu en dehors des heures d’ouvertures des marchés, ce dernier risque d’ouvrir en gap dont nous ne maîtrisons pas l’étendu. Et une nouvelle fois, nous pouvons nous retrouver dans une situation délicate.
Imaginons, je détiens une position swing à la vente sur le DAX depuis lundi, nous sommes vendredi. J’observe ma position, je lui trouve encore beaucoup de potentiel de baisse, mais ce vendredi un retracement a eu lieu s’approchant de mon cours d’ouverture, sans pour autant être un signal de reprise haussière. Je décide de conserver overweek mon swing short DAX en protégeant ma position par une mise à BreakEven. Hors dans le week end, TRUMP annonce que les échanges avec la Chine sur un futur accord commercial sont en bonnes voies. Le lundi qui suit, le DAX ouvre avec un gap haussier de 200 points, mon stop se fait exécuter à l’ouverture et je perds -150 points sur la position alors que je pensais avoir sécurisé…
La variation du spread
Selon votre compte, le broker peut se rémunérer via des commissions ou le spread. Le spread représente la différence de cours qui s’applique entre votre ordre d’achat ou de vente et l’ordre exécuté. Sur le forex, si vous décidez d’ouvrir une position à l’achat sur l’AUD/CHF à 0.6808 mais que vous avez un spread de +2 pips, votre ordre sera exécuté à 0.6810, il faudra donc une variation de 2 pips en votre faveur pour commencer à gagner de l’argent.
Connu et maîtrisé, le spread n’est pas dangereux en soit, ce qui est dangereux c’est de trader des paires de devises avec des spreads élevés, dites devises exotiques ou d’avoir un spread variable en fonction de la volatilité et liquidité, ce qui augmente considérablement vos pertes lors du déclenchement d’un stop sur statistique par exemple. Certains ordres sont déclenchés à l’approche de votre limite sans même que celle ci soit touchée, juste par l’augmentation du spread. Il faut donc se renseigner sur toutes ces conditions et comprendre sur quoi et à quelle condition vous tradez car l’addition de tous les frais vous coûtera très cher, surtout si votre paire de devises à un swap négatif.
Le SWAP de taux d’intérêt – Forex
Pour faire simple, quand vous achetez une paire de devises, vous acheter une monnaie avec un certain taux d’intérêt et vous vendez l’autre monnaie qui détient elle aussi son taux d’intérêt. Cette différence de taux d’intérêt peut être négative mais aussi positive, et vous est facturée chaque fois que vous gardez votre position la nuit (dont 3 fois le mercredi soir pour compenser le week end).
Le swap peut être un point intéressant, lorsqu’il est en votre faveur, il limite votre risque, mais dans le cas contraire, il accentue vos pertes ou limite vos gains, le comprendre et le connaitre avant chaque prise de position est donc essentiel si vous souhaitez contrôler vos investissements.
La panne de matériel un risque en plus
Ce paragraphe peut sembler bête mais qui n’a pas déjà eu une coupure de courant ? une mise à jour de votre PC qui se lance de façon inattendue car cela fait deux semaines que vous la repoussez ? une panne de votre box internet ? Ils vous paraissent mineurs dans la majorité des cas, vous embêtent par moment, mais ce type de défaillance quand vous êtes en position court terme est très très stressante. La meilleure des solutions restent la mise en place de stop de protection systématique.
Les interruptions de service du courtier
Enfin, je termine par ce qui pour moi est sans doute la pire chose qui peut arriver à un trader : l’interruption de service du broker. Oui cela arrive pour plusieurs raisons, la plus courante étant le blocage des cotations à cause de la volatilité, la moins courante étant tout simplement un problème technique du broker.
Encore une fois, il faut s’imaginer les risques avant que cela arrive, les ordres sur l’OIL (suite aux attaques de drones) ont été bloqués par certains brokers à l’ouverture, les stops n’ont pas été exécutés, les limites n’ont pas pu être augmentées, il n’y a plus aucune maîtrise de la situation. Imaginer que vous faites une très bonne journée, que vous décidiez de prendre une dernière position avec du levier mais très courte et à ce moment là votre broker rencontre un problème, vous ne pouvez pas annuler votre position qui court pendant de longues minutes sans contrôle…
Je vais conclure ce premier article que j’espère compréhensif car il me semble essentiel. Je le mettrai régulièrement à jour si nécessaire. Par volonté, je n’évoque pas les risques géo-politiques, économiques, etc., mais je fais référence à des notions qui auront directement un impact sur vos estimations de rentabilité et que tout trader débutant/intermédiaire négligent par manque de connaissance surement. Si je ne devais retenir que quelques choses : limiter vos trades à ce que vous comprenez parfaitement, informez-vous, gérer votre money management, faites vos calculs et éviter le levier.
Références
- [1] Forex: plaintes et procédures se multiplient dans le monde du trading en ligne, https://www.challenges.fr/finance-et-marche/marches-financiers/forex-plaintes-et-procedures-se-multiplient-dans-le-monde-du-trading-en-ligne_458791, [en ligne], dernière consultation le 19 septembre 2019.
- [2] Calendrier économique https://fr.investing.com/economic-calendar/, [en ligne], dernière consultation le 22 octobre 2019.